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MONđŸ‘ïžREG’ART : TrophĂ©es « Kora Awards », la rĂ©fĂ©rence inĂ©galĂ©e des rĂ©compenses musicales africaines est-elle dĂ©jĂ  enterrĂ©e ?

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Kora Awards

Nous sommes en 1994, Ă  une Ă©poque oĂč les diffĂ©rents styles de musique du continent africain connaissaient une phase de transition, aprĂšs les annĂ©es 1980. La musique africaine se cherchait de nouveaux visages. Le hip-hop, lui, commençait Ă  sortir de sa marginalitĂ©, mais les rythmes dits traditionnels ou d’inspiration traditionnelle avaient du mal Ă  s’extraire de leur carcan territorial.

Sur du vinyle ou des cassettes, on consommait la musique africaine, une musique aux milles nuances. Mais en rĂ©alitĂ©, elle manquait cruellement d’exposition Ă  l’ùre oĂč les rĂ©seaux sociaux Ă©taient inexistants. La tĂ©lĂ©vision et la radio Ă©taient les seuls canaux de promotion Ă  l’Ă©poque. Or, ce qui Ă©tait inĂ©vitable, l’art, comme une bonne cuisine, a de temps en temps besoin d’exhausteurs de goĂ»t, capables de porter la saveur au paroxysme, sans en dĂ©naturer le fond. La musique africaine de cette Ă©poque, avait en effet besoin d’évĂšnements pour mettre en valeur ses acteurs, afin de leur dresser l’échelle pour le pinacle.

Et vint un certain Ernest Adjovi, l’homme providentiel…

Ernest Adjovi

Un inconnu au bataillon flaire le filon, dĂ©cida d’entrer en scĂšne. L’homme, jusque-lĂ  rĂ©putĂ© comme un homme d’affaires, va faire une entrĂ©e tonitruante dans le milieu du Showbiz africain, faisant un improbable pari : rĂ©unir la crĂšme de la musique africaine dans l’écrin dorĂ© de « l’hĂŽtel Sun City » et de la faire resplendir aux yeux du monde tel un joyau. On persifle carrĂ©ment, on lui rappelle gentiment qu’il n’est pas du milieu ; les moins virulents l’observent en silence, attendant le fiasco. Qu’importe, Ernest Adjovi s’entĂȘte et fait florĂšs dĂšs la premiĂšre Ă©dition. Ce fut en 1996. Une grande page de l’histoire musicale vient ainsi de s’ouvrir. Et avec la maniĂšre !

Des succÚs et des performances pour la postérité

Ernest Adjovi ne se contenta pas de faire un pieds de nez aux oiseaux de mauvaise augure. Il a les dents longues et leur arrache carrĂ©ment des plumes, en poussant chaque fois l’ambition vers les cimes. Au fil des annĂ©es, les prouesses s’enchainent et Ă©blouissent le monde. Les « Kora Awards » Ă©taient le rendez-vous incontournable du talent, du chic et du glamour.
Au nombre des prouesses d’envergure, l’histoire retiendra que le King de la Pop, Michael Jackson, se sera dĂ©placĂ© en personne pour recevoir sa rĂ©compense et poser aux cĂŽtĂ©s de l’icĂŽne Nelson Mandela, en 1999. On n’oubliera pas la pĂ©tillante Brenda Fassie, qui tentera de faire esquisser des pas de danse Ă  Madiba, pendant sa prestation Ă©poustouflante. Koffi OlomidĂ© enflammera la scĂšne avec le Quartier Latin et aussi Ă  l’occasion de son duo avec Nayanka Bell, tout en sensualitĂ©. Les Poetic Lovers exĂ©cuteront dans cette salle mythique d’Afrique du Sud, l’une de leurs prestations les plus iconiques, et Meiway, le gĂ©nie du KpalĂšzo y imposera la science du Awolowo.

Une pluie de records

A une Ă©poque oĂč l’internet est embryonnaire, oĂč les rĂ©seaux sociaux n’existent pas et oĂč les chaines de tĂ©lĂ©visions privĂ©s se comptent sur les doigts dans la plupart des pays africains, l’évĂšnement sera retransmis chaque annĂ©e en direct dans plus de 76 pays, touchant plus de 700 millions de spectateurs. A chaque Ă©dition, des centaines de techniciens chevronnĂ©s et d’experts sont sollicitĂ©s.

Le graal, pour tout artiste qui se respecte

Les « koras Awards » devinrent incontestablement une institution. Pendant la pĂ©riode prĂ©cĂ©dant la cĂ©rĂ©monie, une effervescence rĂšgna autour des artistes qui ont Ă©tĂ©, ne serait-ce que prĂ©sĂ©lectionnĂ©s, pour reprĂ©senter leur pays. Et pour chaque trophĂ©e glanĂ©, la carriĂšre de l’artiste s’en trouve lĂ©gitimĂ©e ou prend un vĂ©ritable envol. L’histoire retiendra qu’un certain Eba WadĂ© du BĂ©nin, jusque-lĂ  limitĂ© Ă  un succĂšs confidentiel, s’imposera dans le cƓur de ses compatriotes, en ramenant le prĂ©cieux graal. Tous les grands noms de la musique africaine ont, d’une maniĂšre ou d’une autre, Ă©tĂ© certifiĂ©s par les Kora Awards. Quelques noms prestigieux parmi la longue liste : Cheb Khaled, Koffi OlomidĂ©, Youssou N’Dour, Papa Wemba, AngĂ©lique Kidjo, Dj Arafat, Miriam Makeba, 2 Face Idibia, Fally Ipupa, Zeynab, King Mensah, Extra Musica, etc.

A ce jour, Koffi Olomidé a remporté des dizaines de récompenses internationales, mais il se présente toujours comme le Quadra koraman (4 remportés en une seule édition : 2002). Le regretté DJ Arafat, bien que justifiant de multiples récompenses internationales, revendiquait uniquement ses 2 trophées Kora remportés en 2012 pour affirmer sa suprématie sur le concurrence.

Une parfaite illustration du panafricanisme et d’une Afrique conquĂ©rante

Le prestige et l’impact des trophĂ©es Kora transcendent largement le cadre d’un simple Ă©vĂšnement culturel. Chaque cĂ©rĂ©monie est une occasion de rĂ©unir et de drainer tous les affluents musicaux du continent vers le mĂȘme fleuve, celui de l’unitĂ©. L’évĂ©nement a rapprochĂ© musicalement l’Afrique du nord de l’Afrique subsaharienne, permis aux musiciens ouest africains de mieux collaborer avec leurs homologues des Afriques australe et centrale. Le chanteur algĂ©rien Cheb Khaled, auteur du tube « AĂŻcha », sera cĂ©lĂ©brĂ© Ă  de nombreuses reprises Ă  l’occasion des Koras. La burundaise Khadja Nin serait-elle aussi connue en Afrique de l’Ouest sans ses trophĂ©es Kora ? L’évĂšnement Ă©pouse la feuille de route panafricaine en construisant des ponts au-delĂ  de l’Afrique, honorant et invitant rĂ©guliĂšrement des artistes aux origines afro, notamment d’Europe, des Antilles et des Etats-Unis, les rapprochant ainsi de leurs pairs du continent africain.

Le dĂ©clin
 L’Afrique, condamnĂ©e Ă  l’éternel recommencement ?

Les « Kora Awards » connaitront des pĂ©ripĂ©ties qui entraineront leur dĂ©mĂ©nagement dĂ©finitif de l’Afrique du Sud. La cĂ©rĂ©monie prendra ensuite successivement place au NigĂ©ria, en CĂŽte d’Ivoire et au Burkina-Faso, avant d’abandonner ses nombreux aficionados Ă  un silence radio assourdissant depuis 2012.

La faute au promoteur, aux artistes ou aux pays hĂŽtes ?

Nous ne sommes pas dans le secret des dieux pour rĂ©pondre. Mais nous avons une certitude : un Ă©vĂšnement d’une telle qualitĂ© et d’un niveau de vision inĂ©galĂ© Ă  ce jour, ne devrait pas mourir. Les « Kora Awards » ne sont-ils pas le parfait reflet d’une Afrique qui s’assoit Ă  la mĂȘme table, du nord au sud, qui rĂ©ussit par elle-mĂȘme, avec le travail et la rigueur ?

Faites-nous rescuciter nos trophées Kora !!!

âœđŸŸSource : GĂ©nĂ©ration DorĂ©e
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