METAPHYSIQUE : PATRICE TALON, PORTE-FLAMBEAU DU PATRIMOINE CULTUREL VODOUN (Suite et fin : Noms des vodounsi et enseignements) ✍🏾Par le Métaphysicien et Plasticien AMOUSSA Abdou RAHIMI

– Kpédo : Kpé signifie ‘‘escalier”, ‘‘soulèvement”. Ceci pour dire que le Vodoun est là, bien assis. La vodounsi est la première arrivée. Elle est la première marche de l’escalier sur laquelle les suivantes s’installent.

-Agunnavo : signifie ‘‘la place sera vide” ; Agun désigne la place qu’occupent les joueurs de tam-tam et la foule qui s’installe en rond, en laissant suffisamment d’espace libre pour les évolutions des danseurs. C’est un nom de souhait de vie sans gêne ni difficulté.

– Ayidégo : c’est-à-dire ‘‘le cœur y veille”. On donne ce nom pour dire que l’on n’a pas oublié, malgré le retard, d’engendrer cet enfant.

Ganjo : Gan désigne le fer ; c’est donc un attribut du Vodoun Gou. Ce nom est réservé aux Vodounsis de Gou. Cela veut aussi dire que cette vodounsi est comparée au fer qui a un aspect nerveux, dur. Cette vodounsi est habile, nerveuse pour danser, rapide.

– Kissèjo : Kisè désigne le perroquet. Cet animal est considéré comme joli, propre, beau dans son attitude, dans son comportement. Ce nom est donné parce que la vodounsi est jolie, belle, rouge, sa démarche est régulière : ni trop lente, ni trop rapide.

– Aji nan non gbè : c’est-à-dire ‘‘l’enfant vivra”. Ce nom est donné parce que la vodounsi ou ses parents ont des enfants Abiku ; le Vodoun mettra un terme au décès des enfants de cette famille.
Les vodounsis de Sakpata, nous l’avions mentionné, reçoivent à leur sortie, trois noms dont un se termine par « Jô », qui signifie ‘‘naître”, et indiquent que le vodounsi naît (ou renaît) du vodoun ou que le vodoun est né (ou renaît) dans cette personne. En vérité, cela veut dire que le Vodoun est le Jotô de l’initié, celui qui le fait naître. Le terme Jô signifiant ‘‘père”. Et l’une des cérémonies de naissance de l’enfant est précisément la recherche du Jotô, l’ancêtre intermédiaire entre le gbèdoto (le Créateur) et les Mèjitô (les géniteurs) qui renaissent dans cet enfant : on reconnaitra cet ancêtre à certaines caractéristiques de l’enfant qui étaient celles de cet ancêtre. Certains membres de la famille agiront alors envers cet enfant comme s’il était l’ancêtre revenu.

Les noms en Jô se regroupent autour de trois motivations. Le groupe le plus important concerne le comportement, l’attitude physique ou morale de l’initié rappelant telles ou telles qualités d’un animal, tel dans les exemples suivants :

1- Ahwanlin, qui signifie ‘‘pigeon”, pour signifier une Vodounsi petite et grasse ;
2- Alè qui signifie passereau, pour une vodounsi bavarde, rapide dans son élocution ;
3- Kissè, qui signifie ‘‘perroquet”, pour une vodounsi jolie, belle dans son attitude et sa démarche ;
4- Lãn, qui signifie ‘‘antilope” pour une vodounsi nerveuse et rapide ;
5- Toké, qui signifie ‘‘chauve-souris”, pour une vodounsi à la voix claire et aiguisée.

Aussi, la vodounsi est ainsi comparée, sans intention péjorative, à l’animal qu’elle imite, ou à une partie du corps ou à un élément de la nature (gan, le fer, pour une vodounsi habile et nerveuse à la danse par exemple).
Le nom, que ce soit celui donné à la naissance ou celui donné pendant une initiation religieuse, indique l’identité de la personne. Et c’est par ces techniques que nos ancêtres conservaient leur identité. C’est notre encyclopédie, et elle est encore intacte. Son Excellence M. Patrice Talon nous invite à leur découverte et divulgation.

MATHIEU 7-7

Le Vodoun est conçu par ses fidèles à leur image. Il peut être bon, mais aussi sujet à la colère, ou en être la source. La terre a des yeux et la terre juge. Les ancêtres ont des yeux ; ils voient le mal que l’on fait et ils jugent.
L’enseignement des vodouisants est, comme nous venons de le voir, transmis sous forme d’apologues, comme : « la feuille est emportée par le vent là où il veut, tel est sans doute son destin. Mais l’homme, avec l’aide du vent et d’un morceau de toile convenablement disposé, peut aller pratiquement contre le vent, et dans une large mesure, devenir maître de sa route ». C’est ce à quoi nous invite M. Patrice Talon. Le grand réformateur et centre du cercle Bénin, qui ne rejette aucune obédience religieuse et qui invite les Béninoises et Béninois à la tolérance.

Aujourd’hui, comme ce fut le cas il y a quelques années, M. Patrice Talon reprend le flambeau allumé par le digne fils, Son Excellence Nicéphore Dieudonné Soglo, qui avait déjà vu juste où se trouve la réussite paisible de la Nation béninoise. Il nous propose de recentrer et de revaloriser le patrimoine culturel Vodoun, pour la gloire de la Nation. Il a vu juste, et nous le soutenons et l’accompagnons.
Et que Dieu et les Mânes de nos Ancêtres nous assistent et nous guident.
Amen – Amen – Amen – Râ.

AMOUSSA Abdou. RAHIMI
Métaphysicien, Plasticien
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Arconville, Abomey-Calavi, BENIN